23 mai 2016

Menace à l’arme blanche


Elle s’est installée autour d’une table libre, à quelques-pas, en face de moi.
La terrasse du « Café-Bar de la Fontaine », dominant la Place Voltaire, en cette matinée ensoleillée dans le ciel habituellement brumeux de Lyon, ne connaissait encore que de rares clients.
Elle a demandé une boisson gazeuse avant de diriger vers moi ses seins pointus, semblables à deux ogives de missiles nucléaires prêts à se lancer à n’importe quel moment.
Je les ai imaginés me dire : « Si tu bouges (espèce de…), tu meurs ! ».
Alors, face à cette « menace », je suis resté immobile, en proie à un mélange de peur, d’éblouissement, d’ébahissement et de… de tout.
J’étais en état d’alerte extrême, me préparant à toute attaque extérieure ou intérieure.
Ils n’ont pas cessé de me provoquer, de chuchoter je ne sais quoi entre eux à mon sujet… alors que, tel un otage, je ne pouvais bouger.
Cela a duré une éternité.
Leur « Maîtresse » a enfin avalé la dernière gorgée de son verre, puis elle s’est levée.
Elle a mis son sac à main sur son épaule nue, à la blancheur éclatante, tout en me bombardant d’un regard qui ravive et ne tue point.
Elle m’a balancé un sourire subtil, accompagné d’un clin d’œil malicieux, avant de partir, vibrante, se tortillant, sur ses talents-aiguilles.
Moi ?
Comme mort, je suis resté là, bouche bée, paralysé, mes yeux fixant celle qui venait de m’assassiner.
 
 

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