6 févr. 2010

Une passerelle pour traverser

Poème de:
TAOUFIKI Belaid


Marchant vers la guillotine
des fleurs,
des soldats ayant transgressé les ordres,
l’amour d’une femme qui, longtemps, attendit mon passage,
quelques chants sur le chemin,
m’interpellèrent.

Me retinrent quelques souvenirs,
des étendards lacérés par les guerres
et les yeux des enfants qui ne furent que peu scolarisés.
Me retinrent les stèles de ceux qui viendraient après moi.

Des visages que j’ai oubliés passèrent
des cités en feu…
Il se passa des choses difficiles à prononcer
de même que les embuscades de ceux qui épient le temps.

Je me suis rappelé combien de fois elle m’a raté
la mort,
combien de fois j’avais récidivé,
combien de fois j’avais repris le même chemin.

Je me suis souvenu des souterrains qui, plus d’une fois, m’invitèrent
Je me suis souvenu…
Je me suis souvenu…

Je traînais derrière moi des années peuplées de lamentations,
des rues que j’avais traversées, en compagnie des bien-aimés,
des amitiés semblables à une poignée de vent,
ce que les mots ne purent accomplir,
je traînais derrière moi un quartier inlassable de passants…

Marchant vers la guillotine
je réalisai que je n’y allais pas tout seul
il y avait, derrière moi, emporté vers sa fin, mon bourreau.
Mon pays était debout, me faisant ses adieux
C’est alors que je souris.

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